Flocon de Pluie
Pluie de Cerise était une jeune fille intrépide, sa soif
d’apprendre la poussait à entreprendre des expériences qui pouvaient se
révéler dangereuses.
Mais Pluie de Cerise n’en avait cure, elle
pensait sincèrement et de manière fort obtus que ce n’est qu’au prix
d’efforts surhumains que la pensée humaine peut s’élever.
Cet
hiver, il fit très froid. La neige pour la première fois recouvrait
d’un manteau blanc les plaines qui s’étendaient à perte de vue et dont
Pluie de Cerise regardait depuis la fenêtre du salon.
Fascinée par
les flocons qui tournoyaient dans la lumière doré du soleil qui
terminait sa longue course et disparaissait petit à petit de l’horizon,
Pluie de Cerise ressentit l’envie d’aller voir de plus près ce
spectacle.
Elle hésita devant la porte à revêtir une écharpe et son
gros manteau, mais au lieu de ça elle se déshabilla entièrement et
franchit la porte d’un air décidé.
Les rafales de vents qui l’accueillirent lui glacèrent les os, mais il en fallait beaucoup pour faire renoncer Pluie de Cerise quand elle a une idée en tête.
Elle avança de quelques pas et oublia le froid tant elle était concentrée par la sensation de marcher sur un tapis moelleux et épais et des traces que ces petits pieds y laissaient à son passage. Elle en déduisit très logiquement que c’était la façon que la neige avait de la remercier de venir à elle nue et cet accueil chaleureux malgré les apparences hivernales lui fit oublier définitivement ses doutes.
Pour se donner du courage, d’une voix cristalline elle chantonna.
« Joli flocon tombe sur moi,
Joli flocon caresse moi,
Joli flocon reste sur moi »
Tandis qu’elle admirait la parure de perles blanches que les flocons de neige avaient crée dans ses cheveux noirs, elle continua son chant.
« Joli flocon dans mes cheveux,
Joli flocon comme un bijou,
Joli flocon je te veux »
Elle trouva le lieu idéal avec une vue magnifique sur l’auréole blafarde du soleil qui disparaissait petit à petit derrière la montagne.
Elle
s’allongea dans la neige, regardant dans la cette lumière irréelle les
flocons arriver à grande vitesse pour l’ensevelir. Leur déplacement
était anarchique, ils dansaient autour d’elle. Pluie de Cerise adorait
les chatouilles des flocons quand ils se déposaient sur son corps et
sur son visage.
Décidément ils l’avaient entendue et jouaient avec elle.
Il lui semblait qu’ils répondaient à sa chanson.
« Jolie Pluie dans tes cheveux on restera
Jolie Pluie de nous tu obtiendras
Jolie Pluie tout ce que tu voudras »
Pluie de Cerise apaisée fredonna.
« Joli flocon quand la nuit viendra
Jolie flocon tu m’envelopperas
Jolie flocon d’un beau manteau blanc tu me vêtiras »
Pluie de Cerise en guise d'ultime prière ferma les yeux, espérant que quand elle les ouvrira à nouveau son vœu sera exhaussé. Les flocons se firent discrets, ils ne tombèrent plus. La lune commençait à se lever au loin.
Pluie de Cerise se releva et admira le beau manteau que lui avaient tricoté les flocons pendant qu’elle dormait.
Elle rentra chez elle heureuse en dansant et en chantant
« Joli flocon de laine
Tu as fait de moi la plus belle
D’un beau manteau tu m’as vêtis
Je n’aurais jamais de peine
Mais la douceur des hirondelles
Pour que l’hiver soit mon ami »